L'antisémitisme déguisé

01.01.1901

Source : Communications de l’association pour la défense contre l’antisémitisme 1901, II. année, Nr. 46

 

Quelle: Mitteilungen aus dem Verein zur Abwehr des Antisemitismus 1901, II. Jahrgang, Nr. 46

I

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I

L'antisémitisme ne possède pas une grande richesse de pensées, pas même de phrases et de slogans riches d'esprit. In doit toujours de nouveau entendre les mêmes platitudes éculées lorsque les confesseurs de cette "vision de la vie" donnent expression aux sentiments confus de leur poitrine. On vit là des phénomènes particuliers. On aimerait penser comme 'on veut sur Eugen Dühring, mais ceux qui le connaissent doivent être clairs sur un point : c'est un penseur qui est très versé dans de nombreux domaines scientifiques, très stimulants dans les questions mathématiques et physiques, et original à bien des égards. Dès qu'il vient parler de sujets dans lesquels son antisémitisme entre en jeu, il devient aussi plat qu'un petit agitateur antisémite dans ce qu'il dit. Il ne se distingue de celui-ci que par la façon dont il met en avant ses platitudes, par l'éclat de son style.

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Der Antisemitismus verfügt nicht gerade über ein großes Besitztum an Gedanken, nicht einmal über ein solches an geistreichen Phrasen und Schlagwörtern. Man muß immer wieder dieselben abgestandenen Plattheiten hören, wenn die Bekenner dieser « Lebensauffassung » den dumpfen Empfindungen ihrer Brust Ausdruck geben. Man erlebt da eigentümliche Erscheinungen. Man mag über Eugen Dühring denken, wie man will; über eines müssen diejenigen, die ihn kennen, sich klar sein: er ist ein in vielen wissenschaftlichen Gebieten gründlich bewanderter, in mathematischen, physikalischen Fragen höchst anregender, in vieler Beziehung origineller Denker. Sobald er auf Dinge zu sprechen kommt, in denen sein Antisemitismus ins Spiel kommt, wird er in dem, was er sagt, platt wie ein kleiner antisemitischer Agitator. Er unterscheidet sich von einem solchen nur noch durch die Art, wie er seine Plattheiten vorbringt, durch das Glänzende seines Stiles.

Le fait d'avoir de tels auteurs de paradigmes est d'une valeur particulière pour les antisémites. On trouvera à peine plus dans n’importe quelle orientation de parti plus que dans celui-ci un appel continuel aux autorités. Tel ou tel a dit tel ou tel mot dédaigneux sur les Juifs ; c'est quelque chose qui revient toujours dans les publications des antisémites.

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Solche Paradeschriftsteller zu haben, ist für die Antisemiten von besonderem Wert. Man wird kaum bei irgendeiner Parteirichtung mehr als bei dieser ein fortwährendes Berufen auf Autoritäten finden. Der und jener hat nun auch das oder jenes abfällige Wort über die Juden gesagt; das ist etwas stets Wiederkehrendes in den Veröffentlichungen der Antisemiten.

Il était donc particulièrement commode pour ces personnes de pouvoir retrouver certaines des vieilles phrases scintillantes d'antisémitisme dans le livre d'un professeur d'université allemande, et qui jouit d'une certaine réputation dans les cercles les plus larges, dans le "Système d'éthique avec un aperçu de la doctrine de l'État et de la société" du professeur berlinois Friedrich Paulsen. - En effet, dans le premier chapitre du quatrième livre de l'Éthique précitée, on rencontre des phrases que pourrait également avoir dit - peut-être de façon un peu moins élégante - un agitateur antisémite parmi les Philistins de la bière d'une petite ville, ou que pourrait avoir écrit - mais aussi de façon moins élégante - le rédacteur en chef d'un journal antisémite. Et elles doivent être lues dans une doctrine morale philosophique, écrite par un professeur allemand de philosophie et de pédagogie, qui donne des conférences très suivies, qui écrit des livres qui sont pour la plupart acclamés, et qui est même considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs philosophes de notre temps. Il écrit ce qui a été entendu si souvent :

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So kam es denn diesen Leuten besonders gelegen, als sie in dem Buche eines deutschen Universitätslehrers, noch dazu eines solchen, der in den weitesten Kreisen ein gewisses Ansehen genießt, in dem « System der Ethik mit einem Umriß der Staats- und Gesellschaftslehre » des Berliner Professors Friedrich Paulsen, wieder einige der alten Glanzphrasen des Antisemitismus aufspüren konnten. - In der Tat: man begegnet in dem ersten Kapitel des vierten Buches der genannten Ethik Sätzen, welche - vielleicht etwas weniger elegant - ein antisemitischer Agitator unter Bierphilistern eines kleinen Städtchens auch gesagt haben oder der Winkelredakteur eines antisemitischen Blättchens - allerdings auch weniger elegant - geschrieben haben könnte. Und sie sind zu lesen in einer philosophischen Sittenlehre, geschrieben von einem deutschen Professor der Philosophie und Pädagogik, der gut besuchte Vorlesungen hält, der Bücher schreibt, die zumeist Anerkennung finden, ja der sogar vielen als einer der besten Philosophen unserer Zeit gilt. Er schreibt, was man so oft gehört hat:

"Différents par leur ascendance, leur religion et leur passé historique, ils " (les Juifs) " ont formé pendant des siècles une citoyenneté étrangère protectrice dans les États européens. Leur admission à la citoyenneté était apparemment fondée sur l'égalité non seulement de la langue et de l'éducation, mais surtout de leurs aspirations politiques avec celles du groupe de population qui, depuis 1848, avait acquis une influence décisive sur la vie de l'État. Avec le changement de la constellation politique depuis 1866, la vision de la position des Juifs par rapport aux États-nations est devenue différente dans de larges cercles de la population. Si je ne me trompe pas, l'humeur hostile aux Juifs ne dépend pas le moins du monde du sentiment instinctif que le Juif ne voit pas son avenir, l'avenir de sa famille, aussi exclusivement lié à l'avenir de l'État ou de la nation au sein de laquelle il vit que les autres citoyens de l'État : si la Hongrie était désormais russe, le juif jusqu'alors hongrois se retrouverait bientôt juif russe, ou bien il secouerait la terre hongroise de ses pieds et déménagerait à Vienne, Berlin ou Paris, et serait pour l'instant un juif autrichien, allemand ou français. »

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« Verschieden durch Abstammung, Religion und geschichtliche Vergangenheit, bildeten sie » (die Juden) « Jahrhunderte hindurch eine fremde Schutzbürgerschaft in den europäischen Staaten. Die Aufnahme in das Staatsbürgerrecht erfolgte augenscheinlich auf Grund der Gleichheit nicht nur der Sprache und der Bildung, sondern vor allem ihrer politischen Bestrebungen mit denen der Bevölkerungsgruppe, die seit 1848 entscheidenden Einfluß auf das Staatsleben gewann. Mit der Veränderung der politischen Konstellation seit 1866 ist die Anschauung von der Stellung der Juden zu den Nationalstaaten in weiten Kreisen der Bevölkerung eine andere geworden. Wenn ich mich nicht täusche, hängt die den Juden abgeneigte Stimmung nicht zum wenigsten von der instinktiven Empfindung ab, daß der Jude seine Zukunft, die Zukunft seiner Familie nicht ebenso ausschließlich mit der Zukunft des Staates oder Volkes, unter dem er lebt, verknüpft sieht, als es die anderen Staatsbürger tun: würde Ungarn heute russisch, so würde sich der bisher ungarische Jude bald darin finden, nun ein russischer Jude zu sein, oder er würde die ungarische Erde von den Füßen schütteln und nach Wien oder Berlin oder Paris ziehen, und bis auf weiteres ein österreichischer, deutscher oder französischer Jude sein.»

S'il m'arrivait d'ouvrir le "Système d'éthique" de Paulsen à l'endroit où se trouvent ces remarques, sans connaître tout le contexte dans lequel elles se trouvent, je serais d'abord étonné qu'un philosophe d'aujourd'hui ose écrire des choses de ce genre dans un livre sérieux. Car, tout d'abord, il y a quelque chose de frappant dans ces phrases qui suggèreraient plutôt que ces phrases viennent d'un philosophe dont le premier et le plus nécessaire des outils est censé être une logique sans contradictions. Mais être logique signifie surtout examiner de plus près les contradictions de la vie réelle, les faire remonter à leurs causes réelles. On peut se demander si un philosophe peut faire ce que fait le professeur Paulsen : simplement enregistrer le changement de deux humeurs/ambiances successives de l'époque, qui sont tout à fait contradictoires, sans découvrir, ou du moins tenter de découvrir, les causes de ce changement ? Les vues libérales qui ont fait surface en 1848 ont apporté avec elles la conviction qu'il y avait une égalité des Juifs "de langue et d'éducation", et même d'"aspirations politiques" avec les peuples occidentaux. Une période ultérieure a produit dans de nombreux cercles une "ambiance hostile aux Juifs". Pour Paulsen, il est facile de comprendre ce changement. Il l'attribue à un "sentiment instinctif", qu'il décrit ensuite plus en détail.

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Wenn ich Paulsens « System der Ethik » zufällig an der Stelle aufschlage, wo diese Ausführungen stehen, ohne den ganzen Zusammenhang zu kennen, in dem sie sich finden, dann würde ich zunächst erstaunt darüber sein, daß ein Philosoph der Gegenwart Dinge dieser Art in einem ernsten Buche zu schreiben wagt. Denn zunächst fällt an diesen Sätzen etwas auf, was auf alles andere eher schließen ließe, als daß sie von einem Philosophen herrühren, dessen erstes und notwendigstes Werkzeug eine widerspruchslose Logik sein soll. Logisch sein heißt aber vor allen Dingen, die Widersprüche in dem wirklichen Leben näher zu untersuchen, sie auf ihre wirklichen Gründe zurückzuführen. Man kann fragen: darf ein Philosoph das tun, was Professor Paulsen macht: den Wandel in zwei aufeinanderfolgenden Zeitstimmungen, die sich gründlich widersprechen, einfach registrieren, ohne die Ursachen dieses Wandels aufzudecken oder wenigstens den Versuch einer solchen Aufdeckung zu machen? Die im Jahre 1848 an die Oberfläche der geschichtlichen Entwicklung tretenden freiheitlichen Anschauungen brachten die Überzeugung, daß eine Gleichheit der Juden « der Sprache und der Bildung », ja auch der « politischen Bestrebungen » mit den abendländischen Völkern vorhanden sei. Eine spätere Zeit erzeugte in vielen Kreisen eine « den Juden abgeneigte Stimmung ». Diesen Wandel zu verstehen, macht sich Paulsen leicht. Er führt ihn auf eine « instinktive Empfindung » zurück, die er dann näher beschreibt.

Dans une suite à cet essai, nous verrons ce qu'est réellement ce "sentiment instinctif". Pour l'instant, signalons seulement l'inconvenance de se référer, dans un exposé philosophique de la "doctrine des mœurs", à des "sentiments instinctifs" dont nous n'examinons pas le fondement et la justification. Après tout, c'est précisément le travail du philosophe que d'amener à une conception claire ce qui s'installe dans l'esprit des autres comme une conception floue. Mais Paulsen ne fait même pas une tentative en ce sens. Il se contente de faire siens les "sentiments instinctifs" qu'il pensait percevoir, puis dit, tout à fait digne de préliminaires vagues et peu philosophiques : "Ce n'est que lorsque les Juifs seront complètement installés... que le sentiment de l'anomalie de leur citoyenneté disparaîtra complètement. On peut toutefois se demander si cela peut se faire sans que la pratique religieuse des anciens pays soit abandonnée". Après avoir lu cette phrase, je ne me demande qu'une chose : n'est-il pas scandaleux de dire une chose aussi insignifiante dans un tel endroit, dans un livre qui s'adresse à tant de personnes dans un domaine aussi important ? Car on peut se demander ce que le professeur Paulsen a réellement affirmé. Il n'a rien dit, mais il croit qu'il perçoit des "sensations instinctives" et qu'il ne peut se faire une opinion sur ce qui va devenir. Ceux qui veulent penser que c'est philosophique peuvent le faire. Je pense qu'il est plus philosophique de se taire sur des choses dans lesquelles je dois avouer si ouvertement que je n'ai pas d'opinion.

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Wir werden in einer Fortsetzung dieses Aufsatzes sehen, was es mit dieser « instinktiven Empfindung » wirklich auf sich hat. Für diesmal sei nur auf das Unstatthafte hingewiesen, in einer philosophischen Darstellung der « Sittenlehre » sich auf « instinktive Empfindungen » zu berufen, deren Grundlage und Berechtigung man nicht untersucht. Es ist doch gerade das Geschäft des Philosophen, das auf klare Vorstellungen zu bringen, was bei anderen Leuten als unklare Vorstellung sich einnistet. Dazu aber nimmt Paulsen nicht einmal einen Anlauf. Er macht die « instinktiven Empfindungen », die er wahrzunehmen glaubte, einfach zu den seinigen und sagt dann, der vagen, unphilosophischen Vordersätze durchaus würdig: « Erst wenn die Juden völlig seßhaft werden ... wird das Gefühl der Abnormität ihres Staatsbürgertums völlig verschwinden. Ob dies geschehen kann ohne die Aufgebung der altnationalen Religionsübung, ist allerdings wohl fraglich ». Mir ist, nachdem ich diesen Satz gelesen habe, nur eines fraglich- ob es nicht unerhört ist, an solcher Stelle, in einem Buche, das auf so viele in einer wichtigen Sache berechnet ist, so Gegenstandsloses zu sagen? Denn man frage sich, was denn Professor Paulsen eigentlich behauptet hat. Er hat nichts gesagt, als daß er glaube, « instinktive Empfindungen » wahrzunehmen, und daß er über das, was werden soll, sich keine Meinung bilden könne. Wer das für Philosophisch halten will, der mag es tun. Ich halte es für philosophischer, über Dinge zu schweigen, in denen ich so offen bekennen muß, daß ich keine Meinung habe.

Cela, comme je l'ai dit, devrait être dit en premier lieu par quelqu'un qui n'a lu qu'un seul passage du livre de Paulsen. Et il aurait également raison au début. Dans une deuxième partie de cet article, nous montrerons comment l'exposé de Paulsen apparaît à la lumière du reste de sa pensée, puis comment elle apparaît à la lumière de la vie intellectuelle allemande des dernières décennies. J'espère que dans une telle considération, on trouvera un chapitre non inintéressant sur la "psychologie de l'antisémitisme".

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Das, wie gesagt, müßte zunächst derjenige sagen, der in Paulsens Buch nur die eine Stelle läse. Und der hätte zunächst auch recht. Wir wollen in einem zweiten Teil dieses Artikels zeigen, wie sich die Paulsensche Ausführung im Lichte seines übrigen Denkens, und dann, wie sie sich im Lichte des deutschen Geisteslebens der letzten Jahrzehnte ausnimmt. Ich hoffe, daß man in einer solchen Betrachtung ein nicht uninteressantes Kapitel zur « Psychologie des Antisemitismus » finden werde.

II

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II

Ces sentiments sourds d'où jaillit, entre autres, l'antisémitisme, ont la particularité de saper toute rectitude et simplicité de jugement. Aucun phénomène social n'a peut-être été mieux observé ces derniers temps que l'antisémitisme lui-même. J'étais en mesure de le faire pendant mes années d'études à Vienne il y a une vingtaine d'années. C'est l'époque où le propriétaire foncier de Basse-Autriche, Georg von Schönerer, jusqu'alors démocrate radical, est devenu un antisémite "national". Il ne sera pas facile d'expliquer ce revirement à Schönerer lui-même. Quiconque a eu l'occasion d'observer cet homme dans ses activités publiques sait qu'il est d'une nature entièrement imprévisible, dans laquelle le caprice personnel compte plus que la pensée politique, et qui est complètement dominée par une vanité qui va à l'infini. Ce ne sont pas les transformations propres de cet homme, mais plutôt les transformations de ceux qui sont devenus ses disciples, qui sont un fait significatif dans l'histoire du développement du nouvel antisémitisme. Avant l'apparition de Schönerer, il était facile à Vienne de converser avec les jeunes qui avaient grandi sous l'influence des sentiments libéraux. Dans cette partie de la jeunesse, il y avait un véritable sentiment de liberté porté par la raison. Les instincts antisémites existaient déjà à l'époque. Ces instincts n'étaient pas non plus absents dans la partie la plus distinguée de la bourgeoisie allemande. Mais on était partout en train de considérer ces instincts comme injustifiés et de les surmonter. Il était clair que de telles choses étaient des vestiges d'une époque moins avancée, et qu'il ne fallait pas s'y complaire. En tout cas, il était clair que tout ce qui était dit avec une revendication de validité publique ne devait pas avoir grandi sur un sol intellectuel tel que l'antisémitisme, dont un véritable revendicateur de l'éducation aurait eu vraiment honte à l'époque.

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Diejenigen dumpfen Empfindungen, aus denen neben allerlei anderem auch der Antisemitismus entspringt, haben das Eigentümliche, daß sie alle Geradheit und Einfachheit des Urteils untergraben. An keiner sozialen Erscheinung hat man das in neuerer Zeit vielleicht besser beobachten können als am Antisemitismus selbst. Ich war dazu in meinen Wiener Studienjahren vor etwa zwanzig Jahren in der Lage. Es war die Zeit, in welcher der bis dahin in der Hauptsache radikaldemokratische niederösterreichische Gutsbesitzer Georg von Schönerer zum « nationalen » Antisemiten wurde. Bei Schönerer selbst diesen Umschwung zu erklären, wird nicht so ganz leicht sein. Wer diesen Mann in seinem öffentlichen Wirken zu beobachten Gelegenheit hatte, weiß, daß er eine ganz unberechenbare Natur ist, bei der die persönliche Laune mehr als der politische Gedanke bedeutet, die ganz von einer ins Unbegrenzte gehenden Eitelkeit beherrscht wird. Nicht die eigenen Wandlungen dieses Mannes, sondern vielmehr die Wandlungen derer, die seine Anhänger wurden, sind in der Entwicklungsgeschichte des neuen Antisemitismus eine bedeutungsvolle Tatsache. Vor Schönerers Auftreten war es in Wien leicht, sich mit den jungen Leuten, die unter dem Einflusse der liberalen Gesinnungen herangewachsen waren, zu unterhalten. Es lebte in diesem Teile der Jugend echter, von der Vernunft getragener Freiheitssinn. Antisemitische Instinkte gab es auch damals. Auch im vornehmeren Teil des deutschen Bürgertums fehlten diese Instinkte nicht. Aber man war überall auf dem Wege, solche Instinkte als unberechtigt anzusehen und zu überwinden. Man war sich klar darüber, daß solche Dinge Überbleibsel aus einer weniger vorgeschrittenen Zeit seien, denen man nicht nachgeben dürfe. Jedenfalls war man sich klar darüber, daß alles, was man mit dem Anspruch auf öffentliche Geltung sagte, nicht auf solchem Gesinnungsboden erwachsen sein dürfe wie der Antisemitismus, dessen sich damals ein wahrhaft auf Bildung Anspruchmachender wirklich geschämt hätte.

Schoenerer a eu un effet sur la jeunesse étudiante et, pour le reste, au début sur des classes de la population qui n'étaient pas très élevées intellectuellement. Les personnes qui sont passées d'une vision plus libre de la vie à sa manière obscure se sont soudainement mises à parler dans une tonalité complètement différente. Des gens qui, auparavant, avaient été entendus déclamer la "vraie dignité humaine", l'"humanité" et les "réalisations libérales de l'époque", se sont mis à parler sans réserve de sentiments, d'antipathies, qui, à leurs anciennes déclamations, étaient comme du noir au blanc, et qu'elles n'auraient pas avoués un instant auparavant sans être submergées par des rougeurs de honte. Dans la vie de l’esprit de tels humains, on est arrivé à un point que je préfère caractériser en disant que la logique stricte a été rayée parmi les pouvoirs qui gouvernent l'humain en son sein. On peut s'en convaincre à tout moment. Aucun de ceux qui viennent de passer dans le camp des antisémites n'a osé plaider sérieusement contre ses anciens principes libéraux. Au contraire, chacun d'eux a prétendu : en substance, qu’il a professé ces principes après coup comme avant, mais en ce qui concerne l'application de ces principes aux Juifs, oui... Et maintenant suivait n'importe quelle phrase qui frappait au visage toute personne saine d'esprit. La logique a été détrônée par l'antisémitisme.

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Auf die studentische Jugend und im übrigen zunächst auf geistig nicht sehr hochstehende Bevölkerungsklassen wirkte Schönerer. Die Leute, die von freieren Lebensauffassungen zu seiner unklaren Weise übergingen, fingen plötzlich an, in einer ganz anderen Tonart zu reden. Leute, die man vorher von « wahrer Menschenwürde », « Humanität » und den « freiheitlichen Errungenschaften des Zeitalters » hatte deklamieren hören, fingen nun an, rückhaltlos von Empfindungen, von Antipathien zu reden, die zu ihren früheren Deklamationen sich wie Schwarz zu Weiß verhielten und zu denen sie sich kurz vorher, ohne von Schamröte überströmt zu werden, nicht bekannt haben würden. Es war der Punkt im Geistesleben solcher Menschen erreicht, den ich am liebsten damit charakterisieren möchte, daß ich sage: die strenge Logik ist aus der Reihe der Mächte gestrichen, die den Menschen im Innern beherrschen. Man kann sich davon jeden Augenblick überzeugen. Keiner der eben ins antisemitische Lager Übergegangenen wagte es, gegen seine ehemaligen liberalen Grundsätze im Ernste etwas vorzubringen. Jeder behauptete vielmehr: im Wesen bekenne er sich nachher wie vorher zu diesen Grundsätzen, was aber die Anwendung dieser Grundsätze auf die Juden betreffe, ja ... Und nun folgte eben irgendeine Phrase, die jedem gesunden Denken ins Gesicht schlug. Durch den Antisemitismus ist die Logik entthront worden.

Pour quelqu'un qui, comme moi, a toujours été très sensible aux péchés contre la logique, les rapports avec de telles personnes sont devenus particulièrement gênants. De peur que l'un ou l'autre ne pense qu'il peut faire de mauvaises plaisanteries sur cette phrase, je remarque que j’ai la permission d’avouer ma nervosité sur l'illogique sans toute immodestie. Pour la "pensée logique", je considère que c'est un devoir général de l'humain, et que la nervosité particulière dans ce domaine est une disposition pour laquelle on peut faire aussi peu que pour sa force musculaire. Cependant, par cette nervosité, j'ai moi-même été amené à étudier - je dirais intimement - le cours du développement de l'antisémitisme par un exemple particulier. Chaque jour, je voyais d'innombrables exemples de la corruption de la pensée logique par de sourds sentiments.

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Für jemand, der, wie ich, immer sehr empfindlich gegen Sünden wider die Logik war, wurde jetzt der Verkehr mit solchen Leuten besonders peinlich. Damit nicht der eine oder der andere glaubt, über diesen Satz schlechte Witze machen zu können, bemerke ich, daß ich meine Nervosität gegenüber der Unlogik ohne alle Unbescheidenheit gestehen darf. Denn « logisches Denken » halte ich für allgemeine Menschenpflicht und die besondere Nervosität in solchen Dingen für eine Anlage, für die man so wenig kann wie für seine Muskelkraft. Ich selbst aber war durch diese meine Nervosität geeignet, den Entwicklungsgang des Antisemitismus an einem besonderen Beispiele - ich möchte sagen - intim zu studieren. Ich sah jeden Tag unzählige Beispiele von Korrumpierung des logischen Denkens durch dumpfe Gefühle.

Je sais que je ne parle ici que d'un seul exemple. Dans de nombreux cas, les choses se sont passées différemment ailleurs. Mais je crois que l'on ne peut vraiment comprendre une affaire que si l'on en a fait une connaissance intime quelque part. Et pour l'évaluation du "cas Paulsen", je suis peut-être spécialement préparé par mes "études". Avec tout le respect que je dois au professeur. Mais il y a un conflit logique alarmant dans son cas. Pas aussi flagrant que dans le cas de mes contemporains qui se sont convertis du libéralisme au schönererianisme. Cela va sans dire. Mais je pense que le cas le plus léger de Paulsen est mis en perspective par le cas le plus flagrant.

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Ich weiß, daß ich hier nur von einem Beispiele rede. Die Dinge haben sich vielfach anderswo anders vollzogen. Aber ich glaube, daß man eine Sache doch wahrhaft nur verstehen kann, wenn man sie irgendwo intim kennengelernt hat. Und für die Beurteilung des « Falles Paulsen » bin ich vielleicht gerade durch diese meine « Studien » ganz besonders vorbereitet. Allen schuldigen Respekt vor dem Herrn Professor. Aber ein bedenklicher logischer Konflikt liegt bei ihm vor. Nicht so kraß wie bei meinen vom Liberalismus zum Schönererianismus sich bekehrenden Altersgenossen. Das ist wohl selbstverständlich. Aber ich denke: der gelindere Fall Paulsen wird durch den krasseren Fall eben in die rechte Perspektive gerückt.

Dans le deuxième livre de son "Système d'éthique", dans l'essai sur les notions de "Bien et de Mal", Paulsen écrit : "La conduite d'un humain est moralement bonne dans la mesure où elle tend à agir objectivement dans le sens de la promotion du bien-être général, subjectivement dans la mesure où elle s'accompagne de la conscience du devoir ou de la nécessité morale". Peu avant, Paulsen écrit à propos de la phrase "La fin justifie les moyens" : "Si l'on comprend la phrase de cette façon : pas de fin arbitraire autorisée, mais la fin justifie les moyens ; mais il n'y a qu'une seule fin dont découle toute détermination de valeur, à savoir le plus grand bien, le bien-être ou l'organisation la plus parfaite de la vie de l'humanité".

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Im zweiten Buch seines « Systems der Ethik », in dem Aufsatz über die Begriffe von « Gut und Böse », schreibt Paulsen: « Das Verhalten eines Menschen ist moralisch gut, sofern es objektiv im Sinne der Förderung der Gesamtwohlfahrt zu wirken tendiert, subjektiv, sofern es mit dem Bewußtsein der Pflichtmäßigkeit oder der sittlichen Notwendigkeit begleitet ist.» Kurz vorher schreibt Paulsen über den Satz « Der Zweck heiligt die Mittel »: « Versteht man den Satz so: nicht ein beliebiger erlaubter Zweck, sondern der Zweck heiligt die Mittel; es gibt aber nur einen Zweck, von dem alle Wertbestimmung ausgeht, nämlich das höchste Gut, die Wohlfahrt oder die vollkommenste Lebensgestaltung der Menschheit ».

Peut-il y avoir un pont entre ces deux propositions et les opinions que produit l'aversion des Juifs ? Ne devrions-nous pas, dans la progression vraiment logique de la pensée, exiger énergiquement la purification de cette aversion par la raison ? Que fait Paulsen à la place ? Il dit : "Avec le changement de la constellation politique depuis 1866, la vision de la position des Juifs par rapport aux États-nations est devenue différente dans des cercles plus larges de la population". N'était-il pas obligé de considérer ce changement comme une apostasie par rapport à son idéal moral, par rapport au dévouement à la seule fin qui justifie réellement les moyens ? Le libéralisme a été sincère dans sa croyance dans "l'arrangement le plus parfait de la vie pour l'humanité" en tant qu'idéal moral. Mais cette gravité ne permet pas un changement tel que celui qui s'est produit depuis 1866. Il rend impossible de limiter l'humanité de manière arbitraire.

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Kann es von diesen beiden Sätzen aus eine Brücke geben zu den Anschauungen, welche die Abneigung gegen die Juden zeitigt? Müßte man nicht im wahrhaft logischen Fortschritt des Denkens die Läuterung einer soldien- Abneigung durch die Vernunft energisch fordern? Was tut statt dessen Paulsen? Er sagt: « Mit der Veränderung der politischen Konstellation seit 1866 ist die Anschauung von der Stellung der Juden zu den Nationalstaaten in weiteren Kreisen der Bevölkerung eine andere geworden.» Mußte er nun diese Wandlung nicht als einen Abfall von seinem moralischen Ideal, von der Hingabe an den einen Zweck halten, der wirklich die Mittel heiligt? Der Liberalismus hat mit dem Glauben an die « vollkommenste Lebensgestaltung der Menschheit » als sittliches Ideal Ernst gemacht. Dieser Ernst läßt aber eine Veränderung, wie die seit 1866 eingetretene, nicht zu. Er macht es unmöglich, die Menschheit in einer Weise willkürlich zu begrenzen.

C'est là que Paulsen, pour ne pas avoir à s'aigrir contre l'antisémitisme, devient tiède contre la logique.

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Hier liegt es, wo Paulsen, um nicht bitter gegen den Antisemitismus werden zu müssen, lau gegen die Logik wird.

J’épargnerai de plus amples détails sur cette faille logique pour la conclusion de cet article.

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Ein weiteres Eingehen auf diesen logischen Riß verspare ich dem Schluß dieses Artikels.

III

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III

Qu'un jugement tel que celui du professeur Paulsen sur les Juifs soit possible dans le cadre d'un ouvrage qui prétend se situer au sommet de l'éducation philosophique contemporaine, il doit y avoir des raisons plus profondes à cela dans la culture intellectuelle actuelle. Toute personne qui suit le cours du développement intellectuel au XIXe siècle sera aussi, avec une certaine impartialité, facilement amenée à ces raisons. Il y a toujours eu deux courants dans cette évolution. L'un était en ligne droite le successeur du "Siècle des Lumières" du XVIIIe siècle ; l'autre était une sorte de contre-courant aux résultats du Siècle des Lumières. Le mérite éternel de ce dernier sera d'avoir fait de l'humain l'idéal le plus élevé "d'humanité pure et harmonieuse" lui-même. Une exigence morale d'une hauteur incomparable consiste à dire qu'il faut renoncer à toutes les connexions accidentelles dans lesquelles l'humain est placé, et chercher en tout, dans la famille, la société, le peuple, etc. à faire ressortir l'"humain pur". Celui qui dit cela sait, bien sûr, tout comme les sages Philistins que les idéaux ne peuvent être réalisés dans la vie immédiate. Mais est-il absurde de parler du cercle en géométrie, car on ne peut mettre sur le papier qu'un cercle très imparfait avec un crayon ? Non, ce n'est pas du tout absurde. Il est assez stupide de mettre l'accent sur des choses aussi évidentes. Il est tout aussi insensé de parler en termes d'éthique de ce qui ne peut pas l'être en raison de l'imperfection de tout ce qui est réel. Après tout, ce qui est vraiment précieux ici, c'est de n'indiquer que les objectifs que l'on veut atteindre. C'est ce qu'ont fait les Lumières.

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Daß ein Urteil wie das des Professors Paulsen über die Juden innerhalb eines Werkes möglich ist, das den Anspruch macht, auf der Höhe der philosophischen Zeitbildung zu stehen, dafür muß es tiefere Gründe in der geistigen Kultur der Gegenwart geben. Wer den Gang der geistigen Entwicklung im neunzehnten Jahrhundert verfolgt, wird auch, bei einiger Unbefangenheit, leicht zu diesen Gründen geführt werden. Es gab in dieser Entwicklung immer zwei Strömungen. Die eine war in gerader Linie die Nachfolge der « Aufklärung » des achtzehnten Jahrhunderts; die andere war eine Art Gegenströmung gegen die Ergebnisse der Aufklärung. Das ewige Verdienst der letzteren wird es sein, dem Menschen als höchstes Ideal das « reine, harmonische Menschentum » selbst vorgehalten zu haben. Eine sittliche Forderung von unvergleichlicher Höhe liegt darin, zu sagen- man sehe ab von allen zufälligen Zusammenhängen, in die der Mensch gestellt ist, und suche in allem, in Familie, Gesellschaft, Volk usw., den « reinen Menschen » zur Geltung zu bringen. Wer solches ausspricht, weiß natürlich ebensogut wie die weisen Philister, daß Ideale im unmittelbaren Leben nicht ausgeführt werden können. Ist es denn aber unsinnig, in der Geometrie vom Kreis zu sprechen, weil man ja doch mit dem Bleistift nur einen ganz unvollkommenen Kreis aufs Papier bringen kann? Nein, es ist gar nicht unsinnig. Es ist vielmehr höchst töricht, solch Selbstverständliches zu betonen. Ebenso töricht ist es, in der Ethik davon zu sprechen, was wegen der Unvollkommenheit alles Wirklichen nicht sein kann. Das wahrhaft Wertvolle ist hier doch nur, die Ziele anzugeben, denen man sich nähern will. Das hat die Aufklärung getan.

À cette façon de voir, l'autre s’est opposée, qui a cherché ses racines dans la contemplation de l’évolution historique. On touche, en parlant de cela, à de grandes erreurs dans l'éducation du XIXe siècle, qui sont liées à de grandes vertus. Il suffit de mentionner les noms de Jacob et Wilhelm Grimm pour se rappeler tout le sens de la phrase : l'humain du XIXe siècle a appris à comprendre son propre passé, il a appris à comprendre ce qu'il est maintenant par ce qu'il était autrefois. Les frères Grimm nous ont introduits dans notre passé linguistique, dans notre passé mythique. Leur conviction est contenue dans les belles paroles : "Un bon ange est donné à un humain sur les chemins de la maison/patrie, qui, lorsqu'il sort dans la vie, l'accompagne sous l'apparence confidentielle d'un compagnon de voyage ; celui qui ne se doute pas du bien qui lui arrivera par là peut le ressentir lorsqu'il traverse la frontière de la patrie où il est laissé par cet ange. Ce compagnonnage bienfaisant est le bien inépuisable des contes, des légendes et de l'histoire". On sait qu'au XIXe siècle, il y a eu une avancée fulgurante sur la voie de ces vues. Les idées arbitraires que les contemporains de Rousseau avaient formées sur les conditions primitives de l'humanité ont été remplacées par des considérations sur les conditions réelles. La linguistique, les sciences de la religion et l'histoire générale de la culture et des peuples ont fait les plus grands progrès. On cherchait à enquêter dans toutes les directions sur la façon dont l'humain était devenu.

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Dieser Anschauung trat die andere gegenüber, die ihre Wurzeln in der Betrachtung der geschichtlichen Entwicklung suchte. Man berührt, wenn man davon spricht, große Fehler in der Bildung des neunzehnten Jahrhunderts, die mit großen Tugenden zusammenhängen. Man braucht nur die Namen Jacob und Wilhelm Grimm zu nennen, um an die ganze Bedeutung des Satzes zu erinnern: der Mensch des neunzehnten Jahrhunderts lernte seine eigene Vergangenheit begreifen, er lernte verstehen, was er jetzt ist durch das, was er einst war. In unsere sprachliche, in unsere mythische Vergangenheit haben uns die Brüder Grimm eingeführt. Ihre Überzeugung ist in den schönen Worten enthalten: « Es wird dem Menschen von heimatswegen ein guter Engel beigegeben, der ihn, wenn er ins Leben auszieht, unter der vertraulichen Gestalt eines Mitwandernden begleitet; wer nicht ahnt, was ihm Gutes dadurch widerfährt, der mag es fühlen, wenn er die Grenze des Vaterlandes überschreitet, wo ihn jener verläßt. Diese wohltätige Begleitung ist das unerschöpfliche Gut der Märchen, Sagen und Geschichte.» Man weiß, daß im neunzehnten Jahrhundert auf der Bahn solcher Anschauungen rüstig vorwärtsgegangen wurde. Die willkürlichen Vorstellungen, die sich die Zeitgenossen Rousseaus über die Urzustände der Menschheit gemacht hatten, wurden durch die Betrachtungen der wirklichen Verhältnisse ersetzt. Sprachwissenschaft, Religionswissenschaft, allgemeine Kultur- und Völkergeschichte machten die größten Fortschritte. Man suchte nach allen Richtungen zu erforschen, wie der Mensch geworden ist.

Sous-estimer tout cela ne peut arriver qu'à un idiot. Mais il s’est également montré un défaut dans nos façons de voir la vie qui ne doit pas être négligé. La connaissance du passé aurait purement dû enrichir nos connaissances ; à la place de cela, elle a influencé les motifs de nos actions. La réflexion sur ce qui m'est arrivé hier devient un obstacle pour moi lorsqu'elle me prive de l'impartialité de mes décisions aujourd'hui. Si je n'agis pas aujourd'hui en fonction des circonstances auxquelles je suis confronté, mais en fonction de ce que j'ai fait hier, je suis sur la mauvaise voie. Si je veux agir, je ne dois pas regarder dans mon journal, mais dans la réalité. Le présent peut bien être vu du point de vue du passé, mais il ne peut pas être maîtrisé à partir de celui-ci. Dans un de ses écrits intéressants, dans sa "Unzeitgemäße Betrachtung" ("Réflexion inopportune") sur "l'utilité et les dommages de l'histoire pour la vie", Friedrich Nietzsche a mis en lumière les dommages qui surviennent lorsque le présent doit être maîtrisé par le passé.

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Das alles zu unterschätzen, könnte nur einem Toren beifallen. Es zeitigte aber auch einen Mangel unserer Lebensanschauungen, der nicht übersehen werden darf. Die Kenntnis der Vergangenheit hätte bloß unser Wissen bereichern sollen; statt dessen beeinflußte sie die Motive unseres Handelns. Das Nachdenken über das, was gestern mit mir vorgegangen ist, wird mir zum Hemmschuh, wenn es mir heute die Unbefangenheit der Entschlüsse raubt. Wenn ich mich heute nicht nach den Verhältnissen richte, die mir entgegentreten, sondern darnach, was ich gestern getan habe, so bin ich auf dem Holzwege. Wenn ich handeln will, soll ich nicht in mein Tagebuch, sondern in die Wirklichkeit schauen. Die Gegenwart läßt sich aus dem Gesichtspunkt der Vergangenheit wohl ersehen, sie läßt sich aber daraus nicht beherrschen. Friedrich Nietzsche hat in einer seiner interessanten Schriften, in seiner « Unzeitgemäßen Betrachtung » über « Nutzen und Schaden der Historie für das Leben », beleuchtet, was für Schäden eintreten, wenn die Gegenwart durch die Vergangenheit gemeistert werden soll.

Quiconque a les yeux ouverts pour le présent sait qu'il est faux de penser que les Juifs ont plus en commun entre eux qu'avec les entreprises culturelles modernes. Si cela a semblé être le cas ces dernières années, l'antisémitisme y a largement contribué. Quiconque, comme moi, a vu avec horreur ce que l'antisémitisme a fait à l'esprit des nobles juifs doit en être arrivé à cette conviction. Lorsque Paulsen exprime un point de vue comme celui des intérêts particuliers des Juifs, il montre seulement qu'il ne sait pas observer de manière impartiale. Ne laissons pas notre jugement sur la manière dont nous devrions vivre ensemble dans le présent être obscurci par nos idées selon lesquelles nous avons connu des évolutions distinctes dans le passé. Pourquoi, alors, rencontrons-nous un certain antisémitisme timide dans le monde de l'éducation, partout où l'étude de l'histoire est prise comme point de départ ? L'avenir n'apportera certainement que les effets du passé ; mais où dans la nature prévaut la règle selon laquelle les effets sont égaux à leurs causes ?

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Wer offene Augen für die Gegenwart hat, der weiß, daß es unrichtig ist, wenn man meint, es sei die Zusammengehörigkeit der Juden untereinander größer als ihre Zusammengehörigkeit mit den modernen Kulturbestrebungen. Wenn es in den letzten Jahren auch so ausgesehen hat, so hat dazu der Antisemitismus ein Wesentliches beigetragen. Wer, wie ich, mit Schaudern gesehen hat, was der Antisemitismus in den Gemütern edler Juden angerichtet hat, der mußte zu dieser Überzeugung kommen. Wenn Paulsen eine Ansicht ausspricht wie die von den Sonderinteressen der Juden, so zeigt er nur, daß er nicht unbefangen zu beobachten versteht. Lassen wir uns doch unser Urteil, wie wir in der Gegenwart zusammenleben sollen, nicht trüben durch unsere Vorstellungen darüber, daß wir in der Vergangenheit gesonderte Entwicklungen durchgemacht haben. Warum tritt uns denn gerade ein gewisser verschämter Antisemitismus innerhalb der gebildeten Welt dort entgegen, wo das Studium der Geschichte zum Ausgangspunkt genommen wird? Die Zukunft wird ja gewiß nichts anderes bringen als die Wirkungen der Vergangenheit; aber wo herrscht denn in der Natur die Regel, daß die Wirkungen gleich seien ihren Ursachen?

Quiconque prend en considération l'ensemble de la pensée de Paulsen devra admettre qu'il s'agit d'un phénomène isolé dans les cercles de la soi-disant éducation historique. Je le prouverai notamment dans une déclaration finale.

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Wer Paulsens ganze Denkweise in Betracht zieht, wird zugestehen müssen, daß er eine Einzelerscheinung innerhalb der Kreise der sogenannten historischen Bildung ist. Ich werde noch in einer Schlußausführung dies im besonderen erhärten.

IV

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IV

Friedrich Paulsen a un jour caractérisé les côtés sombres de notre présent avec des mots justes. Dans son essai : "Kant, le philosophe du protestantisme", il dit : "La signature de notre siècle qui touche à sa fin est : la foi dans le pouvoir, l'incrédulité dans les idées. À la fin du XVIIIe siècle, la main du temps s'est inversée : la foi dans les idées était omnipotente, Rousseau, Kant, Goethe, Schiller les grandes puissances de l'époque. Aujourd'hui, après l'échec des révolutions idéologiques de 1789 et 1848, après les succès de la politique de pouvoir, le mot d'ordre est la volonté de pouvoir". Il ne fait aucun doute que notre époque ne comprend pas la mission du véritable idéalisme. Goethe a dit un jour : "Celui qui a vraiment compris le sens d'une idée ne se laisse pas dépouiller de sa foi par une apparente contradiction avec l'expérience. L'expérience, dit-il, doit se soumettre à l'idée une fois qu'elle est reconnue comme correcte. À l'heure actuelle, une telle idée n'a guère d'attrait. Les idées ont perdu de leur influence dans notre vie de représentation. On met l'accent sur les "intérêts pratiques", sur ce qui peut prévaloir". Il faut garder à l'esprit que l'histoire du progrès intellectuel elle-même, lorsqu'elle est considérée du bon point de vue, prouve la puissance des idées. Je citerai un exemple qui parle fort. Lorsque Copernic a avancé la grande idée des orbites des planètes autour du soleil, on pouvait, du point de vue de la pratique astronomique, s'opposer à toutes sortes de choses. Les faits, dont on a fait l'expérience, contredisent en partie la doctrine que Copernic a mise en place. Du point de vue de l'astronome pratique, ce n'est pas Copernic qui avait raison à l'époque, mais Tycho Brahe, qui lui a répondu : "La terre est une masse grossière, lourde et maladroite à déplacer ; maintenant, comment Copernic peut-il en faire une étoile et la conduire dans les cieux ? Le développement historique a donné raison à Copernic, car, voyant la justesse de l'idée une fois conçue, il s'est mis à croire que des faits ultérieurs régleraient l'apparente contradiction.

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Friedrich Paulsen hat einmal in trefflichen Worten die Schattenseiten unserer Gegenwart charakterisiert. In seinem Aufsatz: « Kant, der Philosoph des Protestantismus » sagt er: « Die Signatur unseres zu Ende gehenden Jahrhunderts ist: Glaube an die Macht, Unglaube an die Ideen. Am Ende des achtzehnten Jahrhunderts stand der Zeiger der Zeit umgekehrt: der Glaube an Ideen war allherrschend, Rousseau, Kant, Goethe, Schiller die Großmächte der Zeit. Heute, nach dem Scheitern der ideologischen Revolutionen von 1789 und 1848, nach den Erfolgen der Machtpolitik gilt das Stichwort vom Willen zur Macht.» Zweifellos ist, daß unsere Zeit das Verständnis für die Mission eines wahren Idealismus nicht hat. Goethe hat einmal geäußert: wer die Bedeutung einer Idee wirklich durchschaut hat, der lasse sich den Glauben an sie durch keinen scheinbaren Widerspruch mit der Erfahrung rauben. Die Erfahrung müsse sich der einmal als richtig erkannten Idee fügen. Gegenwärtig findet ein solcher Gedanke wenig Anklang. Die Ideen haben die Schlagkraft in unserem Vorstellungsleben verloren. Man weist auf die « praktischen Interessen », auf das hin, was esich durchsetzen kann ». Man sollte doch einmal bedenken, daß die Geschichte des Geistesfortschrittes selbst, wenn sie vom richtigen Gesichtspunkte aus gesehen wird, die Schlagkraft der Ideen beweist. Ich will auf ein lautsprechendes Beispiel deuten. Als Kopernikus die große Idee von den Bahnen der Planeten um die Sonne aufstellte, da konnte man, vom Standpunkte der astronomischen Praxis, alles mögliche dagegen einwenden. Die Tatsachen, über die man eine Erfahrung hatte, widersprachen zum Teile durchaus der Lehre, die Kopernikus aufstellte. Vom Standpunkte des praktischen Astronomen hatte damals nicht Kopernikus recht, sondern Tycho Brahe, der ihm entgegnete: « Die Erde ist eine grobe, schwere und zur Bewegung ungeschickte Masse, wie kann nun Kopernikus einen Stern daraus machen und ihn in den Lüften herumführen?» Die geschichtliche Entwicklung hat Kopernikus recht gegeben, weil er, die Richtigkeit der einmal gefaßten Idee durchschauend, sich zu dem Glauben erhob, daß spätere Tatsachen den scheinbaren Widerspruch aus der Welt schaffen werden.

La même chose qui arrive aux idées dans le progrès scientifique doit aussi leur arriver dans la vie morale. Paulsen l'admet théoriquement aussi en défendant la proposition susmentionnée. Il s'en écarte dans la pratique lorsqu'il présente l'antisémitisme comme un phénomène partiellement justifié. Celui qui croit en ces idées ne peut se laisser tromper par l'évolution historique des dernières décennies sur la validité inconditionnelle de ces idées. Il devrait se dire - même si les choses sont pour l'instant telles que la réalité contredit apparemment les idées absolument libérales ; ces idées sont indépendantes de cette contradiction. L'antisémitisme est une moquerie de toute foi dans les idées. Surtout, il tourne en dérision l'idée que l'humanité est plus élevée que toute autre forme (tribu, race, peuple) dans laquelle l'humanité se vit elle-même.

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Wie es mit den Ideen im wissenschaftlichen Fortschritte steht, so muß es sich mit ihnen auch im sittlichen Leben verhalten. Paulsen gibt das theoretisch auch zu, indem er den obenangeführten Satz vertritt. Er weicht in der Praxis davon ab, wenn er den Antisemitismus als eine teilweise berechtigte Erscheinung hinstellt. Wer an die Ideen glaubt, der kann sich durch die geschichtliche Entwicklung der letzten Jahrzehnte in der unbedingten Gültigkeit dieser Ideen nicht beirren lassen. Er müßte sich sagen- mögen die Dinge einstweilen so liegen, daß die Wirklichkeit den absolut liberalen Ideen scheinbar widerspricht; diese Ideen sind von solchem Widerspruch unabhängig. Der Antisemitismus ist ein Hohn auf allen Glauben an die Ideen. Er spricht vor allem der Idee Hohn, daß die Menschheit höher steht als jede einzelne Form (Stamm, Rasse, Volk), in der sich die Menschheit auslebt.

Mais où allons-nous si les philosophes, ces porteurs du monde des idées, ces défenseurs désignés de l'idéalisme, n'ont plus la confiance nécessaire dans les idées elles-mêmes ? Que va-t-il leur arriver s'ils se laissent voler cette confiance par le fait que, depuis quelques décennies, les instincts d'une certaine foule de gens/masse de peuple prennent d'autres chemins que ceux que ces idées indiquent ? Un homme comme Paulsen ne peut être conduit par un respect excessif de la réalité historique qu'à des affirmations telles que celles qui sont à l'origine de ces remarques. Dans la contradiction où il s'en tient à ses propres affirmations, il devient tout à fait évident chez Paulsen qu'il est sous le charme de la fausse éducation historique que j'ai caractérisée. Il ne prend pas sur lui de critiquer l'évolution historique des instincts de peuple ; au contraire, il laisse ces instincts de peuple avoir leur mot à dire en la matière. Cela s'exprime suffisamment dans la vague façon dont Paulsen parle des antipathies envers les Juifs. Cette façon de parler est tout à fait reconnaissable comme un "antisémitisme discret". Il n'est nulle part plus nécessaire que dans ce domaine que l'on documente sa croyance dans les idées par une déclaration décisive et sans ambiguïté.

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Aber wohin steuern wir, wenn die Philosophen, diese Träger der Ideenwelt, diese berufenen Anwälte des Idealismus, selbst nicht mehr das gehörige Vertrauen in die Ideen haben? Was soll werden, wenn sie sich dieses Vertrauen dadurch rauben lassen, daß ein paar Jahrzehnte hindurch die Instinkte einer gewissen Volksmenge andere Wege einschlagen, als diese Ideen vorzeichnen? Ein Mann wie Paulsen kann nur durch eine übermäßige Achtung vor der geschichtlichen Wirlichkeit zu Behauptungen geführt werden, wie die sind, wegen deren ich diese Ausführungen geschrieben habe. In dem Widerspruche, in dem er sich zu seinen eigenen Behauptungen setzt, zeigt sich bei Paulsen so recht, daß er in dem Banne der von mir gekennzeichneten falschen historischen Bildung steht. Er schwingt sich nicht dazu auf, an der geschichtlichen Entwicklung der Volksinstinkte Kritik zu üben; er läßt vielmehr diese Volksinstinkte ein gewichtiges Wort mitreden. Daß das so ist, drückt sich auch zur Genüge in der unbestimmten Art aus, wie Paulsen über die Antipathien gegenüber den Juden spricht. Diese Art gibt sich eben durchaus als « verschämter Antisemitismus » zu erkennen. Nirgends ist es mehr nötig als auf diesem Gebiete, daß man seinen Glauben an die Ideen durch eine entschiedene, unzweideutige Stellungnahme dokumentiere.

Il est juste de se plaindre que la philosophie est tenue en piètre estime à l'heure actuelle. Elle mériterait cette basse estime si elle perdait la foi en ce qu'elle doit garder avant tout, en ses idées. Le philosophe doit comprendre son époque. Il ne la comprend pas en faisant des concessions à ses perversités, mais simplement en opposant ces perversités aux critiques qui lui viennent de son monde d'idées. Le professeur de morale philosophique devrait adopter la même attitude à l'égard de tout ce que les antisémites affirment sur les Juifs que le minéralogiste qui affirmera que le sel forme des cristaux en forme de cube même lorsque quelqu'un lui montre un cristal de sel dont les coins ont été coupés par une circonstance quelconque.

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Man klagt mit Recht darüber, daß die Philosophie in der Gegenwart ein geringes Ansehen genießt. Sie würde dieses geringe Ansehen verdienen, wenn sie den Glauben an das verlöre, was sie vor allem zu hüten hat, an die Ideen. Der Philosoph muß seine Zeit begreifen. Er begreift sie nicht dadurch, daß er an ihre Verkehrtheiten Konzessionen macht, sondern lediglich dadurch, daß er diesen Verkehrtheiten die ihm aus seiner Ideenwelt stammende Kritik entgegensetzt. Der philosophische Sittenlehrer sollte es mit allem, was die Antisemiten von den Juden behaupten, so halten wie der Mineraloge, der auch dann behaupten wird, Salz bildet würfelförmige Kristalle, wenn ihm einer einen Salzkristall zeigt, dem durch irgendwelche Umstände die Ecken abgeschlagen sind.

L'antisémitisme n'est pas seulement un danger pour les Juifs, il est aussi un danger pour les non-juifs. Il résulte d'une attitude qui ne prend pas au sérieux un jugement sain et droit. Il encourage une telle attitude. Et quiconque pense de manière philosophique ne doit pas rester les bras croisés et regarder cela se produire. La foi dans les idées ne redeviendra réalité que lorsque nous combattrons l'incroyance qui lui est opposée aussi vigoureusement que possible dans tous les domaines.

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Der Antisemitismus ist nicht allein für die Juden eine Gefahr, er ist es auch für die Nichtjuden. Er geht aus einer Gesinnung hervor, der es mit dem gesunden, geraden Urteil nicht Ernst ist. Er befördert eine solche Gesinnung. Und wer philosophisch denkt, sollte dem nicht ruhig zusehen. Der Glaube an die Ideen wird erst dann wieder zu seiner Geltung kommen, wenn wir den ihm entgegengesetzten Unglauben auf allen Gebieten so energisch als möglich bekämpfen.

Il est douloureux de devoir voir que tout de suite un philosophe se plaxe en contradiction à des principes qu'il a lui-même clairement et judicieusement identifiés. Je ne crois pas qu'il soit facile pour un homme comme Paulsen de s'engager intensivement dans l'antisémitisme. De cela, comme de tant d'autres choses, l'esprit philosophique le préserve. Mais à l'heure actuelle, il faut faire plus dans ce domaine. Toute attitude indéfinie est mauvaise. Les antisémites utiliseront les propos de n'importe quelle personnalité comme de l'eau sur leur moulin, si cette personnalité en donne la cause même par un propos indéterminé. Maintenant, le philosophe peut toujours dire qu'il n'est pas responsable de ce que les autres font de ses enseignements. C'est sans aucun doute à admettre. Mais lorsqu'un professeur de morale philosophique intervient dans les questions d'actualité, sa position doit être claire et sans ambiguïté sur certains points. Et l'antisémitisme étant une maladie culturelle, le cas est tel aujourd'hui que quiconque a son mot à dire dans les affaires publiques ne devrait pas avoir de doutes quant à la manière d'interpréter ses prises de position à ce sujet.

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Es ist schmerzlich, sehen zu müssen, daß sich gerade ein Philosoph zu Grundsätzen in Widerspruch setzt, die er selbst klar und trefflich gekennzeichnet hat. Ich glaube nicht, daß sich leicht ein Mann wie Paulsen intensiv für den Antisemitismus einsetzen kann. Davor bewahrt ihn, wie so viele andere, der philosophische Geist. Aber gegenwärtig ist in dieser Angelegenheit mehr erforderlich. Jede unbestimmte Haltung ist vom Übel. Die Antisemiten werden die Aussprüche einer jeden Persönlichkeit als Wasser auf ihre Mühle benutzen, wenn diese Persönlichkeit auch nur durch eine unbestimmte Äußerung dazu Veranlassung gibt. Nun kann der Philosoph ja immer sagen, er sei nicht verantwortlich für das, was die andern aus seinen Lehren machen. Das ist zweifellos zuzugeben. Wenn aber ein philosophischer Sittenlehrer in die aktuellen Tagesfragen eingreift, dann muß in gewissen Dingen seine Stellung klar und unzweideutig sein. Und mit dem Antisemitismus als Kulturkrankheit liegt heute die Sache so, daß man bei niemandem, der in öffentlichen Dingen mitredet, in Zweifel sein sollte, wie man seine Aussprüche über denselben auslegen kann.